• La confiance règne...

    Je m’écarterai, pour cette fois, du propos général d’habitude léger de mon blog pour m’attaquer à un sujet qui me tracasse pas mal depuis quelques temps. Ce dont je vais parler est la base de toutes les relations possibles et imaginables, aussi bien humaines qu’économiques, amicales ou amoureuses mais aussi envers soi-même : c’est la confiance. C’est un mot pourtant banal qui signifie bêtement « croire ensemble » ; par conséquent, la confiance se doit d’être partagée entre deux entités réelles ou non. Je pense aussi que c’est une valeur, si ce n’est la valeur fondamentale autour de laquelle chacun, chaque chose évolue. Toutefois, l’essence même de la confiance est difficile à cerner, est-ce une espèce de lien mystique évalué par chacun en fonction de son vécu et d’une impression perçue au sujet et par rapport de l’autre ? Je ne trancherai évidemment pas, il n’en reste pas moins que la confiance est absolument essentielle, pour vous comme pour moi.

    Quand elle existe, tout se déroule comme l’on imagine que cela devrait se passer, j’entends par là que l’existence de la confiance ne devient évidente que quand elle disparaît et c’est à partir de ce moment-là que l’on réalise son importance. Les relations sans confiance mutuelle meurent rapidement ou sont vouées à l’échec ; tenez, si aujourd’hui les médias nous rabâchent sans cesse que nous vivons une crise économique, c’est bien parce que les différents acteurs économiques n’ont plus confiance entre eux. Mais soyons précis, la confiance ne s’en va pas d’elle-même, et la seule chose qui peut littéralement la torpiller, c’est la trahison. D’ailleurs, que peut-on trahir si ce n’est la confiance de quelqu’un ? La trahison peut-être réelle ou perçue, mais n’en reste pas moins une trahison du point de vue de l’objet ou de la personne alors touché et affecté.

     

    Il ne me semble pas absurde de voir la confiance comme un système gravitant autour de chacun, composé de nombreux liens avec d’autres systèmes équivalents d’importance variable. Ainsi, lorsqu’un lien est anéanti, tous les autres liens s’en trouvent fragilisés et tout particulièrement les liens périphériques à celui-ci. Le principal problème devient très vite le contrecoup subi par le lien principal qui est celui qui le relie à lui-même. Le phénomène est d’autant plus dévastateur que le lien brisé était important. Dès lors, le système se retrouve en situation de crise (personnelle) ! Car non seulement, il vient de voir un élément capital de son système s’effondrer indépendamment de sa volonté, mais en plus, les effets sont instantanés sur sa propre vision de lui-même. Se serait-il fourvoyé ? Aurait-il pu se mentir ? La réponse affirmative semble alors évidente : il ne peut donc même plus avoir confiance en lui ! La cause est double, il s’est aveuglé plus ou moins volontairement, afin de croire en quelque chose de faux et qui a finalement bien été faux. Il se peut également que la rupture du lien soit plus ou moins prévisible, dans ce cas, le lien traitre aura certainement déjà faibli et les conséquences seront plus diffuses. Mais, dans le pire des cas, la rupture arrive de manière impromptue et l’on ne peut qu’en subir les effets de plein fouet. Bref, les raisons et les situations possibles sont tellement nombreuses que je ne pourrai en faire une liste exhaustive. Toutefois, il semble que, dans un tel cas de figure, il y ait deux victimes : à savoir le lien sacrifié ainsi que le système touché. Les deux systèmes étant responsables : le traitre pour une raison évidente puisqu’il a forcément incité l’autre à investir en lui d’une manière ou d’une autre pour ensuite le décevoir, et le système victime pour avoir manqué de discernement et avoir alimenté un lien visiblement fictif à l’instar d’une bulle spéculative qui finit par éclater, ruinant à l’occasion ceux qui croyaient en bénéficier jusque-là.

    Etant son propre centre du monde, si la base est affaiblie à cause d’une secousse trop forte en plus d’être finalement complètement ingérable à court terme, le système entier vacille et menace de céder (Encore, une fois, on se place ici dans le cadre d’une situation grave). Les contrôles primaires de tous les mécanismes s’emballent, le contrôle s’échappe. Instinctivement, il doit évaluer quels liens restants sont les plus solides et espérer qu’ils tiendront car ce seront eux qui le porteront et le soutiendront désormais. J’ajouterai même qu’il n’est jamais autant dépendant de l’extérieur qu’en temps de crise. Cependant, il est normal et finalement légitime d’en venir à oublier les liens plus secondaires, trop récents ou vieillissants, considérés comme moins fiables, plus promptes à se briser si jamais le système bouleversé se reposait sur eux. Ces liens d’importance moindre se casseront net pour certains, d’autres, déjà pourris par le temps, mourront à l’occasion du désastre ; curieusement, certains se révèleront plus solides que prévu et deviendront même potentiellement plus fiables. La gestion des liens périphériques à la cause de la crise s’avère être aléatoire et périlleuse, de manière générale il serait inconséquent de se reposer trop sur eux tout comme de les délaisser totalement. N’oubliez pas que les liens tendus seront surement les prochains à lâcher : ce n’est pas parce que le pire est passé qu’il ne faut pas s’attendre à des répliques subséquentes. En somme, il faut que le système essaye, tant bien que mal, de mettre toutes les chances de son côté, de sauver le peu de confiance qu’il reste. Le but étant de sauvegarder une base purifiée et plus solide pour, d’une part, survivre au désastre et d’autre part penser à retrouver une situation de normalité.

     

    Car, une fois la crise passée, il va lui falloir disposer de suffisamment de ressources pour se rétablir, recommencer à tisser prudemment des liens qui viendront à terme se substituer à ceux perdus lors de la catastrophe. Notez, cependant, qu’une crise à un effet purificateur sur les liens restants puisque seuls les plus fiables, solides ou même élastiques restent : en principe, on peut donc relancer la machine sur un bon pied, ce qui n’est pas négligeable quant on connait la lourdeur et la longueur de la tâche qu’il reste à accomplir. Hélas, seul le temps semble pouvoir aider à la reconstruction du système dans un premier temps, puisque pour pouvoir donner, il faut avoir. Je ne saurai ainsi trop lui conseiller de se concentrer sur des valeurs porteuses ou ayant déjà prouvé leur efficacité sur le long terme, notamment celles qui ont aidé à supporter directement la crise. Le principal problème est alors le dénuement dans lequel le système affecté se trouve, les moyens pouvant être mobilisés sont minces, précaires : les gaspiller serait une erreur, miser trop dans l’inconnu serait suicidaire en cas de second échec, voire pire, d’une défection imprévisible d’un pilier du système qui était resté fiable jusqu’ici (qui pourrait d’ailleurs se désister à cause d’une série de mauvais choix.)

    Ainsi, il faut penser à bien évaluer la valeur potentielle d’un système ainsi que sa tendance à fluctuer. Mais, il existe une autre solution que le temps, c’est d’ailleurs heureux sinon quoi, on ne cesserait jamais d’attendre. C’est simplement de recevoir ; et pour cela, il faut rester au moins stable à son petit niveau d’abord, afin que l’on puisse croire en la fiabilité nouvelle du système et par voie de conséquence, recevoir. En effet, chaque système étant relié à un autre, en montrant sa stabilité et donc sa propre fiabilité, additionné au fait que le monde étant ce qu’il est, c’est-à-dire plein de déceptions, immanquablement, d’autres systèmes subissant des crises seront amener à considérer le système en reconstruction comme l’un de ses liens forts sur lequel il peut compter, et comptera. Le proverbe « on ne prête qu’aux riches » se vérifie ainsi, les gens ne peuvent se confier qu’à des personnes ayant suffisamment de ressources et donc jugées stables. J’ajouterai même, qu’à ce niveau, seuls les riches, peuvent se permettre de donner. Etant donné qu’il est inapproprié de demander de l’aide à un système également en crise puisqu’il aura besoin de toutes les ressources dont il dispose. Tout ça pour dire que la réciprocité du phénomène permet au système, et c’est triste à dire, de se refaire une santé sur les coups durs que subissent les systèmes auxquels il est connecté. Le but étant alors de capitaliser ses avoirs et de les faire fructifier d’une manière ou d’une autre afin d’en disposer d’assez pour investir puis mieux aider.

    En effet, c’est également un devoir d’aider un système ami et fiable et par conséquent d’important pour son propre équilibre, d’autant plus qu’il ne faut pas oublier que la plupart des liens fiables se renforcent lors des crises mais aussi surtout par simples échanges de procédés sur lesquels je ne m’étendrai pas. Investir permet aussi d’élargir ses champs d’action et/ou d’accroitre la puissance des liens préexistants. J’allais oublier de dire qu’un lien ayant lâché et provoqué la crise perd évidemment toute fiabilité dans l’immédiat et bien que relancer un système en tentant de conserver le lien traitre responsable de la crise serait préjudiciable et néfaste à la reconstruction. Je ne saurai dire s’il est possible de le réparer à plus long terme. D’un point de vue personnel, je serai plutôt d’avis de récompenser le mérite mais de rester sur ses gardes. Mais aussi d’accorder plus de valeur aux actes qu’aux projets. En tout cas, il me semble évident de devoir se souvenir de la cause d’une crise pour éviter au maximum d’en revivre une semblable et donc de rester méfiant. Comme dit le proverbe : « Trompe moi une fois, honte à toi ; trompe moi deux fois, honte à moi. » Néanmoins, le traître n’est pas toujours un prédateur, surtout s’il ne peut tirer d’ascendant matériel ou immatériel de sa trahison.

    Par chance, il se peut aussi que le système en rencontre un autre susceptible de combler le vide laissé, mais disons que c’est un cas rarissime qui ne fera que lui rendre la reconstruction plus facile sans pour autant l’en dispenser. Il me reste encore à vous avertir sur l’absolue nécessité de se lancer au plus vite dans la reconstruction et la garder comme objectif principal jusqu'à avoir atteint un niveau jugé suffisant selon son échelle de valeur personnelle. Il est évidemment peu aisé de faire confiance après avoir tant perdu et en manquer, le doute voire la suspicion semblent d’ailleurs être les premières défenses contre une possible rechute, et comme tous dispositifs défensifs ils ne seront pas infaillibles et le seront d’autant moins que le temps passera. Il suffit simplement pour un système de se relancer petit à petit, de prendre son mal en patience : bref, lutter et se battre, contre et finalement pour lui-même.

     

    Se relever d’une crise majeure est donc un travail de longue haleine qu’un système encore fragilisé ne peut certainement pas accomplir seul, isolé dans son coin. En effet, la confiance étant la monnaie d’échange des relations inter systémiques, un système en convalescence ne peut en créer assez lui-même pour s’auto-suffire et pour ensuite se développer. La confiance en soi est évidemment liée à la confiance qu’il inspire ou pense inspirer aux autres et est à la base même de ses perspectives d’action : en disposer est, par conséquent, une nécessité. C’est un travail qui se fera de toute façon avec plus ou moins de rapidité, le marasme ne devant durer que pendant un temps limité ; s’il dure, c’est que la méthode et les mesures entreprises n’auront pas été les bonnes. Ainsi, la valeur des systèmes s’évaluent surtout par la confiance dont ils disposent intrinsèquement mais aussi par la confiance que les autres systèmes sont prêts à placer en eux. Il va sans dire que les liens eux-mêmes ont une certaine valeur qui est évaluée d’après le bon vouloir ou les moyens de chacun. Si l’on ajoute à cela qu’il est impossible de rendre transparents tous les liens d’un système et encore moins de comptabiliser ceux des systèmes qui lui sont reliés, j’imagine que les relations perçues réciproquement de la même manière sont rarissimes, les autres impliquant forcément un rapport de domination, de responsabilité et de valeur entre elles.

    Peut-être penserez-vous que je rationnalise trop, mais regardez bien : malgré les prévisions, les tentatives de relance ou de limitation des dégâts, le fonctionnement des relations reste à la fois parfaitement aléatoire et inconnu par chacun de ses acteurs. La multitude des paramètres à prendre en compte est telle que toute prévision reste impossible, il faut simplement rester prudent et agir de manière logique. Dans l’ensemble, tout cela n’est qu’un cycle qui se répètera continuellement, encore en encore : avoir le vent en poupe aujourd’hui signifie simplement tomber demain.

     

    Simon


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  • Commentaires

    1
    Simon Profil de Simon
    Vendredi 24 Octobre 2008 à 22:46
    Je félicite par avance ceux qui ont tout lu et tout compris ;)
    2
    Vendredi 24 Octobre 2008 à 23:18
    Euh !!! Ben, j'ai tout lu et tout compris... enfin je crois !!!
    Fragile équilibre, et bien regarder où on met les pieds... Moi j'ai tendance à dire que la confiance ne sert qu'une fois !!!

    En tout cas, intelligente réflexion...
    Amitiés de Provence
    3
    DC
    Lundi 27 Octobre 2008 à 15:29
    J'ai commencé, pas le temps de terminer pour l'instant, mais le début est bien, très bien ; le texte un peu long quand même non ???
    une autre réponse plus tard peut-être, mais je pense déjà qu'on est trahi tous les jours par tout et tout le monde et que la vraie confiance est celle que l'on a en soi et qui doit être indestructible, pour nous permettre d'avancer le mieux possible.

    mais tout ceci est effectivement bien fragile et ne tiens qu'à un fil, il faut donc un sacré équilibre pour tracer et écarter tout ce qui peut détruire !
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